International
Exode sans précédent de migrants dans la jungle du Darien, entre Colombie et Panama
AFP | Juan José Rodríguez avec Esteban Rojas à Caracas
Ils sont des milliers à s’aventurer dans la jungle du Darien, entre Colombie et Panama, seule voie terrestre mais sans la moindre route, reliant l’Amérique du sud au nord du continent. Un afflux jamais observé de migrants, majoritairement originaires du Venezuela, qui pousse le Panama à appeler à l’aide internationale.
Depuis le début de l’année, 160.690 immigrants sont passés par le Darien où « le flux migratoire a considérablement augmenté », a déclaré mercredi à l’AFP le ministre de l’Intérieur du Panama, Juan Pino, qui se dit « frappé par cette foule venant du sud et le silence des pays d’où provient cette migration ».
Ce flux des huit premiers mois de l’année est déjà supérieur à celui enregistré pour toute l’année 2021 (133.000), qui dépassait déjà celui de l’ensemble de la décennie précédente.
Les statistiques explosent depuis le mois de juillet, et en dépit de la saison des pluies qui rend la traversée encore plus difficile, elles culminent à 48.000 passages pour le seul mois de septembre.
Si le flux migratoire transitant par l’Amérique centrale et le Mexique continue de croître à ce rythme, « un demi-million de personnes aura besoin d’une aide humanitaire d’urgence », dit à l’AFP la directrice régionale de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (IFRC), Martha Keays.
Le Panama, pays de transit, sollicite lui l’aide internationale, sa ministre des Affaires étrangères Erika Mouynes, alerte que son pays « ne peut pas assumer seul cette responsabilité ».
Auparavant originaires de Cuba et Haïti, les migrants sont aujourd’hui aux trois quarts vénézuéliens. De 2.800 en 2021, ils sont près de 107.000 à avoir été comptabilisés depuis le début de l’année.
« Même si beaucoup des Vénézuéliens qui empruntent cette route dangereuse vivaient auparavant dans d’autres pays latinoaméricains », plus de 6 millions ont déjà quitté le Venezuela depuis 2015 selon l’Onu, « ils sont de plus en plus nombreux à venir directement du Venezuela », a indiqué mercredi à l’AFP Giuseppe Loprete, chef de la mission de l’Organisation Internationale des Migrations (OIM) à Panama.
Il explique cet appel d’air vers les Etats-Unis par « l’impact socio-économique de la pandémie de Covid-19 », le chômage, l’inflation, le manque d’inclusion sociale et l’absence de statut dans les pays de migration.
« Maman, je vais aux Etats-Unis »
L’ONG Human rights watch pointe « de nouvelles exigences en matière de visa imposées par plusieurs pays d’Amérique latine ».
A l’issue de leur traversée, les migrants sont transférés dans divers centres d’accueil où ils reçoivent des soins de santé et d’autres services de base avant de poursuivre leur voyage vers le Costa Rica.
« Les personnes qui traversent le Darien connaissent des souffrances inimaginables. Nous traitons souvent la déshydratation, les blessures diverses, les morsures d’animaux, les agressions sexuelles, des syndromes de stress post-traumatique », indique la directrice de l’IFRC.
Les enfants font également partie du voyage. Diana Romero, spécialiste de la protection d’urgence à l’Unicef, estime que « 20.000 enfants entre janvier et septembre 2022 » sont passés par le Darien.
Longtemps fermée, la frontière entre Venezuela et Colombie vient de rouvrir. Mais les « trochas », ces sentiers illégaux, sont eux toujours empruntés par un flot incessant de migrants vénézuéliens qui ne possèdent pas de passeport –document qui coûte 200 dollars– pour transiter par les points de passage officiels.
Une majorité, selon l’Observatoire des enquête sociales à la frontière (Odisef), chercheront à s’implanter en Colombie voisine et sa politique d’accueil favorable.
Mais pour un groupe d’une quarantaine de migrants marcheurs, sans visa, rencontrés près de la frontière colombienne, c’est direction les Etats-Unis à travers les 575.000 hectares de la jungle du Darien.
« On oublie parfois la peur pour obtenir de meilleures choses dans la vie », dit à l’AFP Eiden Serrada, 18 ans, conscient des risques d’abus en tous genres durant la traversée des 266 km de forêt vierge.
Chaussé de sandales, Jonathan Gil, 24 ans, raconte être parti « du jour au lendemain », dépité de ne pouvoir acheter de nourriture, en disant : « +Maman, je vais aux Etats-Unis et quand je serai là-bas, je t’enverrai tout ce dont tu as besoin+ ».
International
Les États-Unis confirment la reconnaissance de González Urrutia comme président élu du Venezuela, malgré le rejet de Maduro
Les États-Unis ont affirmé ce mercredi que la reconnaissance de l’opposant Edmundo González Urrutia comme « président élu » du Venezuela n’était pas liée à « la fin » du gouvernement de Joe Biden, mais qu’ils avaient « donné du temps » à Nicolás Maduro pour voir s’il changeait « d’attitude ».
L’autorité électorale vénézuélienne a proclamé le président de gauche Maduro pour un troisième mandat de six ans (2025-2031) après les élections présidentielles du 28 juillet, sans fournir de détails sur le scrutin, comme l’exige la loi.
Quelques jours après les élections, l’administration du président américain Joe Biden a déclaré que l’opposition avait obtenu le plus grand nombre de voix, mais mardi, elle a franchi un pas supplémentaire, le secrétaire d’État Antony Blinken appelant pour la première fois González Urrutia « président élu ».
« Ce n’est pas lié à la fin de l’administration », a déclaré le porte-parole du Département d’État, Matthew Miller, lors d’une conférence de presse, faisant référence au fait que le républicain Donald Trump prendra ses fonctions le 20 janvier.
« Il s’agit du fait que nous avons laissé passer un certain temps pour voir si la pression internationale exercée par d’autres pays et les États-Unis sur Maduro entraînait un changement de position de sa part », a ajouté Miller. « Cela n’a pas été le cas, nous allons appeler les faits comme nous les voyons. »
Maduro « a dit qu’il avait gagné les élections. Évidemment, nous n’avons vu aucune preuve qui soutienne cela », a déclaré Miller aux journalistes, « au contraire ».
Le ministre des Affaires étrangères vénézuélien, Yván Gil, a qualifié de « ridicule » que Washington appelle « président élu » le rival de Maduro lors des élections.
International
La Russie lance un missile balistique intercontinental contre l’Ukraine pour la première fois
La Russie a lancé ce jeudi pour la première fois un missile balistique intercontinental contre l’Ukraine, a annoncé la force aérienne ukrainienne, marquant une nouvelle escalade dans le conflit depuis que Kiev a lancé des missiles à longue portée fournis par les puissances occidentales contre la Russie.
« Un missile balistique intercontinental a été tiré depuis la région russe d’Astrakhan » dans une attaque contre la ville de Dnipro, dans le centre-est de l’Ukraine, a indiqué la force aérienne dans un communiqué.
Elle a précisé que les forces russes avaient lancé plusieurs types de missiles contre des infrastructures critiques de Dnipro.
C’est la première fois que Moscou utilise ce type d’armement depuis l’invasion de l’Ukraine en 2022, a confirmé à l’AFP une source militaire. Le Kremlin a refusé de commenter ces accusations.
La source a ajouté qu’il est « évident » que le missile, conçu pour transporter des ogives conventionnelles et nucléaires, ne portait pas de charge nucléaire.
Interrogé sur le tir du missile, capable d’atteindre des cibles à des milliers de kilomètres de distance, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré ne pas avoir « d’informations à ce sujet ».
Cependant, Peskov a assuré que la Russie ferait tout son possible pour éviter une guerre nucléaire et espère que « d’autres pays » maintiendront « cette position responsable ».
Des unités de défense aérienne ukrainiennes ont abattu six missiles, selon la force aérienne, sans préciser si l’un d’eux était le missile balistique intercontinental.
International
Les États-Unis rejettent les mandats d’arrêt de la CPI contre Netanyahu et Gallant
Les États-Unis « rejettent catégoriquement » la décision de la Cour pénale internationale (CPI) de lancer des mandats d’arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant, a déclaré la Maison Blanche ce jeudi.
« Nous sommes extrêmement préoccupés par la résolution du procureur d’émettre des ordres d’arrestation et par les erreurs procédurales inquiétantes qui ont conduit à cette décision. Les États-Unis ont clairement indiqué que la CPI n’a pas de juridiction dans cette affaire », a déclaré un porte-parole du Conseil de sécurité nationale.
La déclaration ne fait pas mention du mandat d’arrêt de la CPI émis contre Mohamed Deif, le chef militaire du mouvement islamiste palestinien Hamas.
Mike Waltz, futur conseiller en sécurité nationale du président élu des États-Unis Donald Trump, a défendu Israël plus tôt et promis une « réponse ferme au biais antisémite de la CPI et de l’ONU à partir de janvier », lorsque le républicain prendra ses fonctions.
« La CPI n’a aucune crédibilité et ces accusations ont été réfutées par le gouvernement des États-Unis », a déclaré Waltz sur le réseau social X.
Une position qui reflète l’indignation des républicains, dont certains ont demandé au Sénat des États-Unis de sanctionner la CPI, composée de 124 membres théoriquement tenus d’arrêter les personnes visées par des mandats judiciaires.
Le tribunal basé à La Haye a annoncé jeudi que les mandats d’arrêt contre Netanyahu et Gallant ont été émis « pour des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre commis depuis au moins le 8 octobre 2023 jusqu’au moins le 20 mai 2024 ».
Un mandat d’arrêt a également été émis contre Deif, qui, selon Israël, est mort dans une attaque aérienne à Gaza en juillet. Hamas n’a pas confirmé sa mort.
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