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« Les jeunes nous quittent »: alerte au suicide dans l’Amazonie colombienne

Photo: Lina Vanegas / AFP

| Par AFP | Lina Vanegas |

« J’ai perdu mon fils, le seul que j’avais », se lamente Ivan Angarita. Arara, village perdu dans la forêt de l’Amazonie colombienne, est sinistré par une vague de suicides ces dernières années touchant plus particulièrement les jeunes.

Début septembre, une jeune femme et un chaman se sont suicidés au sein de cette communauté indigène tikuna, comptant un peu plus d’un millier d’âmes.

Alors quand les chamans du village « ont décidé de faire un traitement pour tout le monde, j’ai accepté », explique Ivan Angarita, 40 ans, dont le beau-frère s’est lui aussi donné la mort.

Ces mêmes chamans ont imposé une quarantaine sans alcool, football ou musique pour tenter d’endiguer le phénomène. Pendant vingt jours, les distractions « occidentales » ont été restreintes. Et un rituel s’est tenu une nuit entière pour « chasser les mauvais esprits », dans un nuage de tabac brûlé et d’incantations.

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Pendu à une branche

Assis parmi d’autres anciens et chamans du village à l’ombre de la « maloca » –maison communautaire en bois et au toit de chaume, où se rassemblent à longueur de journée les Tikunas–, Ivan Angarita raconte que son fils était un adolescent comme les autres parmi les jeunes du village. Il est mort à 18 ans.

« Un dimanche, il a rencontré les mauvais esprits. Le lendemain, ils l’ont trouvé là, pendu à une branche », se souvient son père.

En Amazonie colombienne, où la majorité des habitants sont indigènes (58%), le taux de suicide en 2021 était de 9,87 pour 100.000 habitants, alors que la moyenne nationale était de 5,71, selon des chiffres officiels.

Des études scientifiques ont montré un phénomène similaire dans d’autres pays comme le Brésil, le Pérou et la Guyane française.

La perte des traditions, la discrimination dans les villes, le manque d’opportunités et un environnement violent plongent les jeunes dans la dépression, selon les experts.

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« Les jeunes nous quittent (…) Ils se pendent, se tirent dessus, s’empoisonnent et meurent ainsi parce qu’ils ne trouvent pas d’issue », se navre Loida Angel Ruiz, une enseignante tikuna de San Martin de Amacayacu, autre ville de l’Amazonie colombienne touchée par les suicides.

Entre deux mondes

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), un décès sur cent dans le monde est un suicide.

Abel Santos, ethnolinguiste à l’Université nationale de Leticia, capitale de l’Amazonie colombienne, rappelle que, « bien que sporadiques », les premiers suicides à Arara « se sont produits il y a plus ou moins dix ans ».

Après la pandémie de Covid-19, les suicides ont explosé chez les « gens de l’eau », comme se nomment les indigènes locaux, ajoute l’universitaire, lui-même d’origine tikuna.

Ils oscillent entre leur culture ancestrale et le monde moderne sans se fondre ni dans l’un, ni dans l’autre. Ce dont témoigne leur habillement sur leur peau cuivrée et cheveux de jais: banals bermudas, T-shirt, maillot de foot et vieilles casquettes.

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« Les enfants ne se voient ni ici ni là, et cela commence à créer beaucoup de frustrations », analyse Tania Martinez, psychologue et professeure à l’Université de Leticia.

Selon elle, la première rupture se produit lorsque les enfants des communautés éloignées migrent vers les villes pour étudier et intègrent des internats.

Ils y subissent le rejet, les discriminations. Beaucoup restent pour chercher du travail, sans succès, et retournent ensuite dans leur communauté mais ils ne savent ni pêcher ni cultiver. Ils refusent souvent également les mariages entre clans imposés par la tradition.

« Il y a une fracture non seulement dans le lien filial (…) mais aussi dans la communauté, alors que c’est dans la famille et dans la communauté que se trouve le réseau de soutien », estime Mme Martinez.

Effet miroir

Pour aller d’Arara à Leticia, il faut parcourir 25 kilomètres en voiture puis marcher plus d’une heure à travers une jungle dense.

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Dans la « maloca », un groupe de chamans fait la démonstration du rituel de purification contre les suicides. L’un d’eux inhale une bouffée de tabac, avale une gorgée d’eau florale, frotte ses mains l’une contre l’autre et, en transe, prononce diagnostics et remèdes à ses patients.

Les chefs spirituels désignent l’alcoolisme, la toxicomanie et les « malédictions extérieures » comme causes de cette vague de suicides.

A San Martin de Amacayacu, Loida Angel Ruiz ajoute à cette liste la violence du narcotrafic dans les champs de coca qui abondent du côté péruvien de la frontière.

Un suicide est aussi, souvent, suivi d’autres dans le voisinage immédiat en raison de l’effet dit « miroir ».

« Beaucoup de ces suicides sont également liés à des abus sexuels, à la violence domestique et à l’homosexualité, qu’ils ne veulent pas manifester parce qu’ils ont peur ou honte », souligne la psychologue Tania Martinez.

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International

La Cour Confirme la Condamnation de Cristina Kirchner à Six Ans de Prison

Un tribunal argentin a confirmé ce mercredi la condamnation à six ans de prison et l’inéligibilité politique de Cristina Kirchner, leader de l’opposition au gouvernement de Javier Milei, dans une affaire de gestion frauduleuse, une décision qui sera réexaminée par la Cour Suprême. L’ex-présidente a qualifié le processus de « spectacle ».

La Chambre fédérale de cassation pénale a décidé de « condamner Cristina Elizabeth Fernández de Kirchner à une peine de six ans de prison, à une inéligibilité spéciale à vie pour exercer des fonctions publiques, avec les sanctions légales et les frais du procès, en tant qu’auteure responsable du crime de gestion frauduleuse au détriment de l’administration publique », selon une décision diffusée en direct.

Les juges ont rejeté les recours présentés par le procureur et la défense, maintenant ainsi les peines et les acquittements prononcés en décembre 2022.

Kirchner, âgée de 71 ans, avait été condamnée initialement en 2022 à six ans de prison et à une inéligibilité à vie pour des irrégularités dans l’attribution de contrats de travaux publics pendant son mandat présidentiel (2007-2015), une décision qui a maintenant été confirmée par une cour supérieure.

L’ex-présidente a critiqué l’impartialité des juges dans une lettre publiée mardi, les accusant d’être liés à son rival politique Mauricio Macri, qui a occupé la présidence de 2015 à 2019.

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International

Le Pape Appelle à des Programmes de Protection Plus Efficaces au Sein de l’Église

Le Pape a demandé que les programmes de protection contre les abus au sein de l’Église soient « efficaces » et a encouragé en particulier les initiatives des diocèses qui offrent « réconfort et assistance à ceux qui ont souffert ».

Dans un message adressé aux participants de la Conférence sur la sauvegarde de l’Église catholique en Europe, organisée par la Commission Pontificale pour la Protection des Mineurs, François a souligné la nécessité de mettre en place des réseaux « de personnes et de bonnes pratiques » afin de « partager les connaissances, se soutenir mutuellement et garantir que les programmes de protection soient efficaces et durables ».

L’événement, qui a été inauguré ce mercredi, réunit plus de 100 experts ainsi que des victimes de 25 pays européens, qui débattront de la question jusqu’au 15 novembre. « Votre engagement envers cette cause est un signe de l’effort constant de l’Église pour protéger les plus vulnérables », a souligné François dans un message vidéo diffusé au début des rencontres.

« Le dialogue et les échanges lors de votre conférence offrent des opportunités prometteuses pour une compréhension plus profonde et un engagement renforcé en faveur de la sauvegarde des enfants et des adultes vulnérables au sein de l’Église », a-t-il ajouté.

De son côté, le responsable de cette commission, le cardinal américain Sean O’Malley, a affirmé qu’il était de notre devoir « d’écouter et de répondre à ceux qui ont été lésés ». « Nous devons suivre la procédure légale pour enquêter sur les plaintes et montrer un leadership ferme en prenant les mesures nécessaires pour prévenir au mieux tout cas d’abus », a-t-il précisé.

 

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International

L’Iran Maintient ses Canaux de Dialogue Indirects avec les États-Unis Après l’Élection de Trump

Le ministre des Affaires étrangères iranien, Abás Araqchi, a déclaré mercredi que les canaux de communication indirects avec Washington restent ouverts, une semaine après l’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis.

« Nous avons des différences, parfois fondamentales et cruciales avec les Américains, qui ne peuvent pas être résolues, mais nous devons les gérer (…) afin de réduire les tensions », a affirmé Araqchi.

« Les canaux de communication entre nous et les Américains existent encore », a ajouté le chef de la diplomatie, en marge de la réunion hebdomadaire du gouvernement.

Les États-Unis et l’Iran ont rompu leurs relations diplomatiques en 1980, peu après la Révolution islamique qui a renversé la dynastie Pahlavi soutenue par Washington.

Cependant, les deux pays communiquent indirectement par l’intermédiaire de l’ambassade de Suisse à Téhéran et du sultanat d’Oman, qui joue souvent le rôle de médiateur.

Pendant son premier mandat (2017-2021), Trump a mis en place la politique de la « pression maximale » contre l’Iran et a rétabli les sanctions.

En 2018, les États-Unis se sont retirés d’un accord international visant à réguler les activités nucléaires de l’Iran en échange d’un allègement des sanctions internationales.

 

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