Amérique centrale
Paladin de l’environnement, le Costa Rica rechigne à ratifier un accord dont il est l’inspirateur
27 janvier | Par AFP | Alberto Peña |
Le Costa Rica, qui se présente sur la scène internationale comme le paladin de la défense de l’environnement, rechigne pourtant à ratifier un traité en la matière souscrit par 24 pays d’Amérique latine et dont, pour comble, il a été l’inspirateur et qui a été signé sur son territoire.
Ce traité, dit « Accord d’Escazu », du nom de la banlieue de San José où il a été négocié, tombera dans les oubliettes du Parlement costaricien le 1er février faute de ratification parlementaire, ou de décision de prolonger le délai.
Le Costa Rica bénéficie de l’image d’un pays « d’avant-garde, avec des positions toujours en faveur de l’environnement et des droits de l’homme », relève le professeur de droit international Nicolas Boeglin, de l’Université du Costa Rica. C’est pourquoi, estime le juriste, il est inexplicable que l’Accord d’Escazu risque de ne jamais être ratifié par le petit pays d’Amérique centrale dans les quatre ans de délai imparti.
Oubliettes parlementaires
Selon la loi, en effet, si un projet de traité n’est pas ratifié dans les quatre ans, il tombe aux oubliettes, à moins que le délai ne soit prolongé de quatre ans supplémentaires.
Cependant, ni l’un ni l’autre ne devrait arriver: six députés seulement du parti de gauche Frente Amplio (izquierda) s’activent en faveur de l’Accord d’Escazu. Il en faudrait 29…
Le traité, adopté en 2018 au terme de six années de négocations ardues à l’initiative du Costa Rica, et souscrit le 27 septembre 2018 dans le cadre de l’Assemblée générale de l’ONU, garantit l’accès à l’information en matière d’environnement, le droit à la participation citoyenne aux décisions qui impactent l’environnement, ainsi que la protection des défenseurs de la nature.
« C’est un mauvais signal que donnerait le Costa Rica s’il n’approuve pas l’Accord d’Escazu », déplore Jonathan Acuna, député du Frente Amplio. « Pour un pays qui a été à l’avant-garde sur ce sujet, jeter l’Accord d’Escazu par-dessus bord serait une erreur gravissime », dénonce-t-il.
A part ceux du petit parti de gauche, le reste des députés « paraissent tout à fait d’accord et très à l’aise avec le fait que le Costa Rica tourne le dos sur la scène internationale à deux de ses piliers traditionnels en politique étrangère: l’environnement et les droits de l’homme », constate Nicolas Boeglin.
L’opposant est au palais présidentiel
Le Parlement du Costa Rica avait bien approuvé le traité en février 2020 par 44 voix sur 57 parlementaires, et aucun vote contre. Mais un an plus tard, le vote a été annulé par la chambre constitutionnelle de la Cour Suprême pour « vice de forme ». Le texte n’est jamais revenu depuis devant les députés.
En réalité, le principal opposant à la ratification réside au palais présidentiel: le chef de l’Etat Rodrigo Chaves, à peine arrivé au pouvoir en mai 2022, a dit clairement que l’Accord d’Escazu n’était pas dans ses priorités.
« Le secteur privé ne doit pas être inquiet (et savoir) que l’Accord d’Escazu n’est pas à l’agenda du gouvernement », a déclaré le président Chaves pour qui le traité « ne bénéficie pas au pays ». S’il était ratifié, l’Accord d’Escazu retarderait « de manière injustifiée » la relance économique du Costa Rica, a-t-il même asséné.
L’Union Costaricienne des Chambres et Associations d’entreprises (Uccaep) a bien fait savoir qu’elle partageait l’avis du président: « Cet accord porte atteinte à la sécurité juridique des entreprises et à la relance économique », selon une lettre ouverte de l’Uccaep.
« Lorsque ce dont nous avons besoin ce sont des mesures de relance économique, on voudrait soutenir cette initiative qui ne contient pas un seul point qui permette de dynamiser la production », a dénoncé dans cette lettre le président de l’Uccaep, José Alvaro Jenkins.
Cependant, pour l’ONG MarViva de défense de l’environnement dans le Pacifique oriental d’Amérique latine, « contrairement à ce qui est affirmé » par les représentants des milieux d’affaires la ratification de l’Accord d’Escazu profiterait à l’économie du Costa Rica.
« C’est plutôt une garantie pour le climat d’investissement, qui faciliterait la création de valeur ajoutée pour les activités productives qui se développeraient en accord avec les dispositions de l’accord », a assuré à l’AFP Katherine Arroyo, une responsable de l’ONG.
A ce jour, 14 pays, et non des moindres, ont ratifié le traité: notamment l’Argentine, la Bolivie, la Colombie, le Chili, l’Equateur, le Mexique, le Nicaragua, le Panama, et l’Uruguay.
Amérique centrale
La tempête Sara provoque des alertes pour fortes pluies et inondations en Amérique centrale
La dépression tropicale 19 est devenue la tempête tropicale Sara, marquant ainsi la dix-huitième tempête nommée de la saison des ouragans de l’Atlantique 2024.
Sara, située à environ 180 kilomètres à l’est du Cap Gracias a Dios, sur la côte atlantique du Honduras, a entraîné jeudi l’émission d’alertes pour de fortes pluies dans cinq pays d’Amérique centrale, selon la dernière mise à jour du Centre National des Ouragans.
L’alerte, qui durera jusqu’au début de la semaine prochaine, prévoit de fortes pluies, d’importantes inondations et de possibles glissements de terrain au Honduras, au Belize, au Salvador, au Guatemala et au Nicaragua.
Amérique centrale
Laura Chinchilla critique l’aide humanitaire du Salvador à Costa Rica sous la présidence de Bukele
L’ex-présidente du Costa Rica, Laura Chinchilla, a rejeté l’aide humanitaire fournie par le Salvador au gouvernement costaricain pour aider les citoyens affectés par les fortes pluies qui ont frappé le pays ces derniers jours.
Le journal numérique costaricien Diario El Mundo a publié un article intitulé : « Laura Chinchilla : le Costa Rica qui accueille aujourd’hui Bukele est celui qui se contente des miettes ».
Dans le cadre de sa visite d’État au Costa Rica, Bukele a offert au président Rodrigo Chaves une aide humanitaire, qui est arrivée en moins de 24 heures après l’acceptation de la part du dirigeant costaricain. Suite à cela, des critiques ont émergé de la part de l’ex-présidente.
« Le Costa Rica qui l’a accueilli aujourd’hui est celui qui se contente des miettes d’un dirigeant médiatique et dénué de scrupules, qui n’offre que le pain de la sécurité pour aujourd’hui, mais la faim de l’État de droit pour demain », a fulminé Chinchilla.
Diario El Mundo a également rapporté que l’ex-présidente Chinchilla a critiqué la visite d’État de Bukele, qui a duré deux jours, au Costa Rica.
Amérique centrale
Le Salvador, un modèle de sécurité publique selon le Conseil des Relations Internationales de Montréal
Le Conseil des Relations Internationales de Montréal (Corim) indique que le Salvador « a connu des changements significatifs » et une « véritable révolution en matière de sécurité publique » depuis l’arrivée au pouvoir de Nayib Bukele en juin 2019.
Ce conseil a été fondé à Montréal, Canada, en 1985, dans le but de promouvoir la connaissance des affaires internationales et de favoriser la coopération entre les entités partageant un intérêt commun pour les questions régionales.
« En 2019, lorsque Bukele a remporté les élections présidentielles dès le premier tour avec 53,3 % des voix, le pays détenait le record du taux annuel de meurtres le plus élevé d’Amérique centrale, une réalité qui incitait chaque semaine des milliers de personnes à prendre la route vers les États-Unis », a publié Corim sur son site Web.
Aujourd’hui, selon les déclarations du président Bukele, le Salvador est désormais le pays le plus sûr de l’hémisphère occidental, grâce à la guerre contre les gangs lancée par son gouvernement en 2019 avec le Plan de Contrôle Territorial (PCT) et l’état d’exception instauré en mars 2022.
À ce jour, les autorités de la Sécurité publique signalent l’arrestation de plus de 83 000 membres de gangs grâce au régime d’exception, tandis que le 5 novembre dernier, l’Assemblée législative a prolongé la mesure constitutionnelle pour la 32e fois.
« Dans tous les cas, l’opération [de sécurité publique] offre un répit bien mérité à une population extrêmement affectée par la violence », indique le conseil.
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